- sérail
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• fin XIVe; it. serraglio, turco-persan serâi1 ♦ Palais du sultan, dans l'Empire ottoman. Les sérails de Constantinople. « Nourri dans le sérail, j'en connais les détours » (Racine). — Loc. fig. Être né, élevé dans le sérail; être, faire partie du sérail : appartenir à une élite, un milieu influent fermé, par naissance ou cooptation (⇒ happy few, initié) . « Il était né dans le sérail. Il avait tété les sacro-saintes valeurs » (Pennac).2 ♦ Vx ou abusif Harem. « L'Enlèvement au sérail », opéra de Mozart. — Femmes du harem.sérailn. m. Palais du sultan à Istanbul (le Sérail), d'un gouverneur de province, dans la Turquie ottomane.— Ensemble des services administratifs, politiques, militaires, du sultan, d'un gouverneur.|| Fig. Avoir été nourri dans le sérail: avoir une longue expérience (d'un milieu, d'une organisation, etc.).⇒SÉRAIL, subst. masc.A. — [Dans l'ancien empire ottoman] Palais du sultan et de quelques hauts dignitaires. La pointe du sérail s'avance comme un promontoire ou comme un cap aplati entre ces trois mers, en face de l'Asie: (...) — c'est un triangle dont la base est le palais ou le sérail lui-même, dont la pointe plonge dans la mer, dont le côté le plus étendu donne sur le port intérieur ou canal de Constantinople (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 377.).— Au fig.♦ Allus. littér. Nourri dans le sérail. [P. réf. au vers de Racine dans Bajazet (IV, 7): Nourri dans le sérail, j'en connais les détours. Signifie que l'on connaît fort bien les milieux dans lesquels on a été élevé ou instruit et que l'on est à même d'en connaître les manières et les intrigues] ((...) je sais bien que mon désespoir durera jusqu'au terme), cette impossibilité de la redite, du piétinement, du lieu commun, de ces mille manières de marquer le pas, dont mon subconscient « nourri dans le sérail, connaît trop les détours » (DU BOS, Journal, 1927, p. 203).♦ Milieu restreint, entourage immédiat d'une personne. Mieux vaut, après tout, collaborer sans le dire, que de le dire sans le faire: bonne formule de gens directs, pas du tout élevés dans le sérail parlementaire (L'Œuvre, 18 déc. 1941).— Pastilles du sérail. Pastilles qui à l'origine étaient importées de Constantinople. Aux coins, dans les deux vases, des pastilles du sérail brûlaient (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 262).B. — P. méton.1. a) Harem, partie du palais où sont les femmes. Vie de sérail; eunuques du sérail. Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes? (HUGO, Orient., 1829, p. 84).b) P. méton. Ensemble des femmes du harem. [Louise à Renée] Comment, bientôt mariée! (...) j'aimerais mieux aller me promener aux îles d'Hyères en caïque, jusqu'à ce qu'un corsaire algérien m'enlevât et me vendît au grand seigneur; je deviendrais sultane, puis quelque jour validé, je mettrais le sérail c'en [sic] dessus dessous (BALZAC, Mém. jeunes mariées, 1842, p. 188).♦ P. anal. Outre son sérail, le baron des Francs a une femme légitime, belle et de haut lignage (MÉRIMÉE, Ét. arts Moy. Âge, 1870, pp. 116-117).— En sérail. En groupe, comme dans un sérail. Pauvre enfant qui plongeais avec une foi d'ange, Qu'à ton œil détrompé soudainement tout change! Au lieu des blancs cristaux, des bosquets de corail, Des nymphes aux yeux verts assises en sérail Et tressant sous leurs doigts, à défaut de feuillages, Les solides rameaux semés de coquillages (SAINTE-BEUVE, Poés., 1829, p. 99).2. P. anal. ,,Maison où quelqu'un tient des femmes de plaisir; la réunion même de ces femmes`` (Ac. 1798-1878). Cette maison est un vrai sérail (Ac. 1798-1878). Un gros homme (...) qui savait des histoires de sérails parisiens, des racontars à la portée de l'intelligence de Madame (A. DAUDET, Nabab, 1877, pp. 134-135).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694-1740: serrail; dep. 1762: sérail. Plur. des sérails. Étymol. et Hist. 1. Ca 1409-10 « palais d'un sultan » ici, au fig. (CHR. DE PISAN, Cent ballades d'amant et de dame, LXX, 5, éd. J. Cerquiglini, p. 101); déb. XVIe s. [date du ms.] au propre (PHILIPPE DE COMMYNES, Mém., L. VI, chap. 12, éd. R. Chantelauze, p. 498 [ms. Montmorency-Luxembourg]); 2. 1519 « appartement des femmes d'un grand seigneur turc » (T. SPANDUGINO, La genealogie du grand Turc a present regnant, B V v °, d'apr. R. ARVEILLER ds Z. rom. Philol. t. 106, p. 43). Empr. à l'ital. serraglio (d'abord saraio, déb. XVIe s., SANUDO, puis serraglio au XVIe s. par attraction paron. de serraglio « fermeture, clôture », v. PRATI et DEI), empr. au turc seraj, persan
(LOK. n ° 1842; FEW t. 19, p. 154b). Fréq. abs. littér.:291. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 807, b) 404; XXe s.: a) 289, b) 157. Bbg. HOPE 1971, p. 50.
sérail [seʀaj] n. m.ÉTYM. Fin XIVe; var. serrail, XIVe; ital. serraglio, du turco-persan serâï « palais, hôtel ».❖1 Palais du sultan, et de certains hauts dignitaires, dans l'ancien empire ottoman (→ Esplanade, cit. 4; janissaire, cit. 1; pause, cit. 2). || Le vieux sérail à Istanbul. ☑ « Nourri dans le sérail, j'en connais les détours » (cit. 1, Racine), vers souvent cité en parlant de quelqu'un qui a une longue expérience d'un milieu, d'un corps constitué… || Des sérails.1 J'avais été un des premiers à le voir, quand il quitta cette restraite du vieux sérail où l'on tient en Turquie les prétendants au trône (…)Loti, Aziyadé, II, XII.2 (…) je parle ici à un homme vieilli dans le sérail et qui sait à quels faux-fuyants oblige parfois la terrible lutte pour la paix (…) L'homme vieilli dans le sérail eut un fin sourire édifié.Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, IIIe tableau, III.♦ Mus. || L'Enlèvement au sérail, opéra-comique de Mozart (1772).♦ Pharm. || Pastilles (cit. 1) du sérail : pastilles qui, à l'origine, étaient importées de Constantinople.2 (1580). Vx. Harem (→ Enchanteur, cit. 5; eunuque, cit. 3; odalisque, cit. 2; place, cit. 37). — (V. 1570). Les femmes du harem (→ Houri, cit. 3, fig.; odalisque, cit. 1).3 (…) des canapés profonds comme des alcôves, mettaient là une paresse molle, une vie somnolente de sérail.Zola, Nana, X.
Encyclopédie Universelle. 2012.